Ce chapitre décrit, du point de vue de l'administrateur, les fonctionnalités de régionalisation (ou localisation) disponibles. PostgreSQL™ fournit deux approches différentes pour la gestion de la localisation :
l'utilisation des fonctionnalités de locales du système d'exploitation pour l'ordonnancement du tri, le formatage des chiffres, les messages traduits et autres aspects spécifiques à la locale ;
la fourniture d'un certain nombre d'encodages différents pour permettre le stockage de texte dans toutes les langues et fournir la traduction de l'encodage entre serveur et client.
Le support des locales fait référence à une application respectant les préférences culturelles au regard des alphabets, du tri, du format des nombres, etc. PostgreSQL™ utilise les possibilités offertes par C et POSIX du standard ISO fournies par le système d'exploitation du serveur. Pour plus d'informations, consulter la documentation du système.
Le support des locales est automatiquement déclenché lorsqu'un cluster de base de données est créé avec initdb. initdb initialise le cluster avec la valeur des locales de son environnement d'exécution par défaut. Si le système est déjà paramétré pour utiliser la locale souhaitée pour le cluster, il n'y a donc rien d'autre à faire. Si une locale différente est souhaitée (ou que celle utilisée par le serveur n'est pas connue avec certitude), il est possible d'indiquer à initdb la locale à utiliser à l'aide de l'option --locale. Par exemple :
initdb --locale=sv_SE
Cet exemple pour les systèmes Unix positionne la locale au suédois (sv) tel que parlé en Suède (SE). Parmi les autres possibilités, on peut envisager en_US (l'anglais américain) ou fr_CA (français canadien). Si plus d'un ensemble de caractères peuvent être utilisés pour une locale, alors les spécifications peuvent prendre la forme langage_territoire.codeset. Par exemple, fr_BE.UTF-8 représente la langue française telle qu'elle est parlée en Belgique (BE), avec un encodage UTF-8.
Les locales disponibles et leurs noms dépendent de l'éditeur du système d'exploitation et de ce qui est installé. Sur la plupart des systèmes Unix, la commande locale -a fournit la liste des locales disponibles. Windows utilise des noms de locale plus verbeux, comme German_Germany ou Swedish_Sweden.1252 mais le principe est le même.
Il est parfois utile de mélanger les règles de plusieurs locales, par exemple d'utiliser les règles de tri anglais avec des messages en espagnol. Pour cela, des sous-catégories de locales existent qui ne contrôlent que certains aspects des règles de localisation :
LC_COLLATE | Ordre de tri des chaînes de caractères |
LC_CTYPE | Classification de caractères (Qu'est-ce qu'une lettre ? La majuscule équivalente ?) |
LC_MESSAGES | Langue des messages |
LC_MONETARY | Formatage des valeurs monétaires |
LC_NUMERIC | Formatage des nombres |
LC_TIME | Formatage des dates et heures |
Les noms des catégories se traduisent en noms d'options initdb pour surcharger le choix de locale pour une catégorie donnée. Par exemple, pour utiliser la locale français canadien avec des règles américaines pour le formatage monétaire, on utilise initdb --locale=fr_CA --lc-monetary=en_US.
Pour bénéficier d'un système qui se comporte comme s'il ne disposait pas du support des locales, on utilise les locales spéciales C ou POSIX.
Certaines catégories de locales doivent fixer leur valeurs lors de la création de la base de données. Vous pouvez utiliser des paramétrages différents pour chaque bases de données. Par contre, une fois que la base est créée, les paramétrages de locales ne peuvent plus être modifiés. LC_COLLATE et LC_CTYPE sont de ces types de catégorie. Elles affectent l'ordre de tri des index et doivent donc rester inchangées, les index sur les colonnes de texte risquant d'être corrompus dans le cas contraire. La valeur par défaut pour ces catégories est déterminée lors de l'exécution d'initdb. Ces valeurs sont utilisées quand de nouvelles bases de données sont créées, sauf si d'autres valeurs sont indiquées avec la commande CREATE DATABASE.
Les autres catégories de locale peuvent être modifiées à n'importe quel moment en configurant les variables d'environnement de même nom (voir la Section 18.10.2, « Locale et formatage » pour de plus amples détails). Les valeurs par défaut choisies par initdb sont en fait écrites dans le fichier de configuration postgresql.conf pour servir de valeurs par défaut au démarrage du serveur. Si ces déclarations sont désactivées du fichier postgresql.conf, le serveur hérite des paramètres de son environnement d'exécution.
Le comportement des locales du serveur est déterminé par les variables d'environnement vues par le serveur, pas par celles de l'environnement d'un quelconque client. Il est donc important de configurer les bons paramètres de locales avant le démarrage du serveur. Cela a pour conséquence que, si les locales du client et du serveur diffèrent, les messages peuvent apparaître dans des langues différentes en fonction de leur provenance.
Hériter la locale de l'environnement d'exécution signifie, sur la plupart des systèmes d'exploitation, la chose suivante : pour une catégorie de locales donnée (l'ordonnancement par exemple) les variables d'environnement LC_ALL, LC_COLLATE (ou la variable qui correspond à la catégorie) et LANG sont consultées dans cet ordre jusqu'à en trouver une qui est fixée. Si aucune de ces variables n'est fixée, c'est la locale par défaut, C, qui est utilisée.
Certaines bibliothèques de localisation regardent aussi la variable d'environnement LANGUAGE qui surcharge tout autre paramètre pour fixer la langue des messages. En cas de doute, lire la documentation du système d'exploitation, en particulier la partie concernant gettext.
Pour permettre la traduction des messages dans la langue préférée de l'utilisateur, NLS doit avoir été activé pendant la compilation (configure --enable-nls). Tout autre support de la locale est construit automatiquement.
Le paramétrage de la locale influence les fonctionnalités SQL suivantes :
l'ordre de tri dans les requêtes utilisant ORDER BY ou les opérateurs de comparaison standards sur des données de type texte ;
la possibilité d'utiliser des index avec les clauses LIKE ;
les fonctions upper, lower et initcap ;
la famille de fonctions to_char.
Le support des locales autres que C ou POSIX dans PostgreSQL™ a pour inconvénient son impact sur les performances. Il ralentit la gestion des caractères et empêche l'utilisation des index ordinaires par LIKE. Pour cette raison, il est préférable de n'utiliser les locales qu'en cas de réel besoin.
Toutefois, pour permettre à PostgreSQL™ d'utiliser des index avec les clauses LIKE et une locale différente de C, il existe plusieurs classes d'opérateurs personnalisées. Elles permettent la création d'un index qui réalise une stricte comparaison caractère par caractère, ignorant les règles de comparaison des locales. Se référer à la Section 11.9, « Classes et familles d'opérateurs » pour plus d'informations.
Si le support des locales ne fonctionne pas au regard des explications ci-dessus, il faut vérifier que le support des locales du système d'exploitation est correctement configuré. Pour vérifier les locales installées sur le système, on peut utiliser la commande locale -a, si elle est fournie avec le système d'exploitation.
Il faut vérifier que PostgreSQL™ utilise effectivement la locale supposée. Les paramètres LC_COLLATE et LC_CTYPE sont déterminés lors de la création de la base de données et ne peuvent pas être modifiés sauf en créant une nouvelle base de données. D'autres paramètres de locale, y compris LC_MESSAGES et LC_MONETARY, sont déterminés initialement par l'environnement dans lequel le serveur est lancé mais peuvent être modifiés pendant l'exécution. Pour vérifier le paramétrage de la locale active on utilise la commande SHOW.
Le répertoire src/test/locale de la distribution source contient une série de tests pour le support des locales dans PostgreSQL™.
Les applications clientes qui gèrent les erreurs en provenance du serveur par l'analyse du texte du message d'erreur vont certainement éprouver des difficultés lorsque les messages du serveur sont dans une langue différente. Les auteurs de telles applications sont invités à utiliser le schéma de code d'erreur à la place.
Le maintien de catalogues de traductions de messages nécessitent les efforts permanents de beaucoup de volontaires qui souhaitent voir PostgreSQL™ parler correctement leur langue préférée. Si certains messages dans une langue ne sont pas disponibles ou pas complètement traduits, toute aide est la bienvenue. Pour apporter son aide à ce projet, consulter le Chapitre 48, Support natif des langues ou écrire à la liste de diffusion des développeurs.