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17.4. Gérer les ressources du noyau

Une installation importante de PostgreSQL™ peut rapidement épuiser les limites des ressources du système d'exploitation (Sur certains systèmes, les valeurs par défaut sont trop basses que vous n'avez même pas besoin d'une installation « importante ».). Si vous avez rencontré ce type de problème, continuez votre lecture.

17.4.1. Mémoire partagée et sémaphore

La mémoire partagée et les sémaphores sont nommés collectivement « ipc system v » (ensemble avec les queues de messages, qui n'ont pas d'importance pour PostgreSQL™). Pratiquement, tous les systèmes d'exploitation modernes fournissent ces fonctionnalités mais, parmi elles, toutes ne sont pas activées ou dimensionnées suffisamment par défaut, car la mémoire disponible et la demande des applications augmente. (Sur Windows, PostgreSQL™ fournit sa propre implémentation de remplacement de ces fonctionnalités, du coup, ce qui suit peut être ignoré).

Le manque complet de fonctionnalités est généralement manifesté par une erreur illegal system call au lancement du serveur. Dans ce cas, il n'y a rien à faire à part reconfigurer votre noyau. PostgreSQL™ ne fonctionnera pas sans. Néanmoins, cette situation est rare parmi les systèmes d'exploitation modernes.

Quand PostgreSQL™ dépasse une des nombreuses limites ipc, le serveur refusera de s'exécuter et lèvera un message d'erreur instructif décrivant le problème rencontré et que faire avec (voir aussi la Section 17.3.1, « Échecs de lancement »). Les paramètres adéquats du noyau sont nommés de façon cohérente parmi les différents systèmes ; le Tableau 17.1, « Paramètres system v ipc » donne un aperçu. Néanmoins, les méthodes pour les obtenir varient. Les suggestions pour quelques plateformes sont données ci-dessous.

Tableau 17.1. Paramètres system v ipc

Nom Description Valeurs raisonnables
shmmax taille maximum du segment de mémoire partagée (octets) au moins plusieurs mo (voir texte)
shmmin taille minimum du segment de mémoire partagée (octets) 1
shmall total de la mémoire partagée disponible (octets ou pages) si octets, identique à shmmax ; si pages, ceil(shmmax/page_size)
shmseg nombre maximum de segments de mémoire partagée par processus seul un segment est nécessaire mais la valeur par défaut est bien plus importante
shmmni nombre maximum de segments de mémoire partagée pour tout le système comme shmseg plus la place pour les autres applications
semmni nombre maximum d'identifiants de sémaphores (c'est-à-dire d'ensembles) au moins ceil((max_connections + autovacuum_max_workers + 4) / 16)
semmns nombre maximum de sémaphores répartis dans le système ceil((max_connections + autovacuum_max_workers = 4) / 16) * 17 plus la place pour les autres applications
semmsl nombre maximum de sémaphores par ensemble au moins 17
semmap nombre d'entrées dans la carte des sémaphores voir le texte
semvmx valeur maximum d'un sémaphore au moins 1000 (vaut souvent par défaut 32767, ne pas changer sauf si vous êtes forcé.)

le paramètre de mémoire partagé le plus important est shmmax, la taille maximum, en octets, d'un segment de mémoire partagée. Si vous obtenez un message d'erreur à partir de shmget comme « invalid argument », il est possible que cette limite soit dépassée. La taille du segment de mémoire partagée requis dépend de plusieurs paramètres de configuration de PostgreSQL™, comme indiqué dans le Tableau 17.2, « Usage de la mémoire partagée PostgreSQL™ » (tout message d'erreur obtenu incluera la taille exacte utilisée dans la requête d'allocation qui a échoué). Temporairement, vous pouvez baisser certains de ces paramètres pour éviter un échec. Alors qu'il est possible d'obtenir de PostgreSQL™ qu'il fonctionne avec un shmmax de 2 Mo, vous avez besoin de bien plus pour obtenir des performances acceptables. Les paramètrages désirables sont plutôt de l'ordre de centaines de Mo à quelques Go.

Certains systèmes ont aussi une limite sur le nombre total de mémoire partagée dans le système (shmall). Assurez-vous que cela soit suffisamment important pour PostgreSQL™ et quelque autres applications utilisant des segments de mémoire partagée (notez que shmall est mesuré en pages plutôt qu'en octets sur beaucoup de systèmes).

La taille minimum des segments de mémoire partagée (shmmin) est moins sensible aux problèmes. Elle devrait être au plus à environ 500 Ko pour PostgreSQL™ (il est habituellement à 1). Le nombre maximum de segments au travers du système (shmmni) ou par processus (shmseg) a peu de chances de causer un problème sauf s'ils sont configurés à zéro sur votre système.

PostgreSQL™ utilise un sémaphore par connexion autorisée (max_connections) et par processus autovacuum autorisé (autovacuum_max_workers), le tout par ensemble de 16. Chacun de ces ensembles contiendra aussi un 17è sémaphore qui contient un « nombre magique » pour détecter la collision avec des ensembles de sémaphore utilisés par les autres applications. Le nombre maximum de sémaphores dans le système est initialisé par semmns, qui en conséquence doit être au moins aussi haut que max_connections plus autovacuum_max_workers plus un extra de chacune des 16 connexions autorisées et des processus autovacuum (voir la formule dans le Tableau 17.1, « Paramètres system v ipc »). Le paramètre semmni détermine la limite sur le nombre d'ensembles de sémaphores qui peuvent exister sur le système à un instant précis. Donc, ce paramètre doit être au moins égal à ceil((max_connections + autovacuum_max_workers + 4) / 16). Baisser le nombre de connexions autorisées est un contournement temporaire pour les échecs qui sont habituellement indiqués par le message « no space left on device », à partir de la fonction semget.

Dans certains cas, il pourrait être nécessaire d'augmenter semmap pour être au moins dans l'ordre de semmns. Ce paramètre définit la taille de la carte de ressources de sémaphores, dans laquelle chaque bloc contigü de sémaphores disponibles ont besoin d'une entrée. Lorsqu'un ensemble de sémaphores est libéré ou qu'il est enregistré sous une nouvelle entrée de carte. Si la carte est pleine, les sémaphores libérés sont perdus (jusqu'au redémarrage). La fragmentation de l'espace des sémaphores pourrait amener dans le temps à moins de sémaphores disponibles.

La paramètre semmsl, qui détermine le nombre de sémaphores dans un ensemble, pourrait valoir au moins 17 pour PostgreSQL™.

D'autres paramètres en relation avec l'« annulation de sémaphores », tels que semmnu et semume, n'affectent pas PostgreSQL™.

AIX

À partir de la version 5.1, il ne doit plus être nécessaire de faire une configuration spéciale pour les paramètres tels que SHMMAX, car c'est configuré de façon à ce que toute la mémoire puisse être utilisée en tant que mémoire partagée. C'est le type de configuration habituellement utilisée pour d'autres bases de données comme DB/2.

Néanmoins, il pourrait être nécessaire de modifier l'information globale ulimit dans /etc/security/limits car les limites en dur par défaut pour les tailles de fichiers (fsize) et les nombres de fichiers (nofiles) pourraient être trop bas.

bsd/os

Mémoire partagée.  Par défaut, seulement 4 Mo de mémoire partagée est supportée. Gardez en tête que la mémoire partagée n'est pas paginable ; elle est verrouillée en RAM. Pour accroître la mémoire partagée supportée par votre système, ajoutez ce qui suit à la configuration de votre noyau. Une valeur de 1024 pour shmall représente 4 mo de mémoire partagée. Pour argumenter la mémoire partagée supportée par votre système, ajoutez quelque chose comme ceci à votre configuration du noyau :

options "SHMALL=8192"
options "SHMMAX=\(SHMALL*PAGE_SIZE\)"

shmall est mesuré en pages de 4 Ko, donc une valeur de 1024 représente 4 Mo de mémoire partagée. Du coup, la configuration ci-dessus augmente l'aire de mémoire partagée à 32 Mo. Pour ceux utilisant une version 4.3 ou ultérieure, vous aurez probablement besoin d'augmenter kernel_virtual_mb au-dessus de la valeur par défaut, 248. Une fois tous les changements effectués, recompilez le noyau et redémarrez.

Sémaphores.  Vous voudrez probablement aussi augmenter le nombre de sémaphores ; la somme totale par défaut du système (60) n'autorisera seulement que 50 connexions PostgreSQL™. Initialisez les valeurs que vous souhaitez dans le fichier de configuration du noyau :

options "SEMMNI=40"
options "SEMMNS=240"

freebsd

Les paramètres par défaut sont seulement acceptables pour de petites installations (par exemple, la valeur par défaut de shmmax est de 32 mo). Les modifications se font via les interfaces sysctl ou loader. Les paramètres suivants peuvent être configurés en utilisant sysctl :

$ sysctl -w kern.ipc.shmall=32768
$ sysctl -w kern.ipc.shmmax=134217728
$ sysctl -w kern.ipc.semmap=256

Pour que ces paramètres persistent après les redémarrages, modifiez /etc/sysctl.conf.

Les paramètres restant, concernant les sémaphores, sont en lecture seule en ce qui concerne sysctl mais peuvent être modifiés avant le redémarrage en utilisant l'invite loader :

(loader) set kern.ipc.semmni=256
(loader) set kern.ipc.semmns=512
(loader) set kern.ipc.semmnu=256

De façon similaire, ils peuvent être sauvegardés entre les redémarrages dans /boot/loader.conf.

Vous pourriez aussi vouloir configurer votre noyau pour verrouiller la mémoire partagée en RAM et l'empêcher d'être envoyé dans la swap. Ceci s'accomplit en utilisant le paramètre kern.ipc.shm_use_phys de sysctl.

En cas d'exécution dans une cage FreeBSD en activant security.jail.sysvipc_allowed de sysctl, les postmaster exécutés dans différentes cages devront être exécutés par différents utilisateurs du système d'exploitation. Ceci améliore la sécurité car cela empêche les utilisateurs non root d'interférer avec la mémoire partagée ou les sémaphores d'une cage différente et cela permet au code de nettoyage des IPC PostgreSQL de fonctionner correctement (dans FreeBSD 6.0 et ultérieurs, le code de nettoyage IPC ne détecte pas proprement les processus des autres cages, empêchant les postmaster en cours d'exécution d'utiliser le même port dans différentes cages).

Les FreeBSD, avant la 4.0, fonctionnent comme OpenBSD (voir ci-dessous).

NetBSD

Avec NetBSD 5.0 et ultérieur, les paramètres IPC peuvent être ajustés en utilisant sysctl. Par exemple :

$ sysctl -w kern.ipc.shmmax=16777216

Pour que ce paramètrage persiste après un redémarrage, modifiez le fichier /etc/sysctl.conf.

Vous pourriez aussi vouloir configurer votre noyau pour verrouiller la mémoire partagée en RAM et l'empêcher d'être mise dans le swap. Cela peut se faire en utilisant le paramètre kern.ipc.shm_use_phys de sysctl.

Les versions de NetBSD antérieures à la 5.0 fonctionnent comme OpenBSD (voir ci-dessous), sauf que les paramètres doivent être configurés avec le mot clé options, et non pas option.

OpenBSD

Les options sysvshm et sysvsem doivent être activées à la compilation du noyau (ils le sont par défaut). La taille maximum de mémoire partagée est déterminée par l'option shmmaxpgs (en pages). Ce qui suit montre un exemple de l'initialisation des différents paramètres :

option        SYSVSHM
option        SHMMAXPGS=4096
option        SHMSEG=256

option        SYSVSEM
option        SEMMNI=256
option        SEMMNS=512
option        SEMMNU=256
option        SEMMAP=256

Vous pourriez aussi vouloir configurer votre noyau pour verrouiller la mémoire partagée en RAM et l'empêcher d'être paginée en swap. Ceci se fait en utilisant le paramètre kern.ipc.shm_use_phys de sysctl.

hp-ux

Les paramètres par défaut tendent à suffire pour des installations normales. Sur hp-ux™ 10, la valeur par défaut de semmns est 128, qui pourrait être trop basse pour de gros sites de bases de données.

Les paramètres ipc peuvent être initialisés dans system administration manager (sam) sous kernel configurationconfigurable Parameters. Allez sur create a new kernel une fois terminée.

linux

La taille maximale du segment par défaut est de 32 Mo, ce qui n'est adéquat que pour les très petites installations de PostgreSQL™. La taille totale maximale par défaut est de 2097152 pages. Une page équivaut pratiquement toujours à 4096 octets sauf pour certaines configurations inhabituelles du noyau comme « huge pages » (utilisez getconf PAGE_SIZE pour vérifier). Cela donne une limite par défaut de 8 Go, ce qui est souvent suffisant.

La configuration de la taille de mémoire partagée peut être modifiée avec l'interface proposée par la commande sysctl. Par exemple, pour permettre l'utilisation de 16 Go :

$ sysctl -w kernel.shmmax=17179869184
$ sysctl -w kernel.shmall=4194304

De plus, ces paramètres peuvent être préservés entre des redémarrages dans le fichier /etc/sysctl.conf. Il est recommandé de le faire.

Les anciennes distributions pourraient ne pas avoir le programme sysctl mais des modifications équivalentes peuvent se faire en manipulant le système de fichiers /proc :

$ echo 17179869184 >/proc/sys/kernel/shmmax
$ echo 4194304 >/proc/sys/kernel/shmall

Les valeurs par défaut restantes sont taillées de façon assez généreuses pour ne pas nécessiter de modifications.

Mac OS X

La méthode recommandée pour configurer la mémoire partagée sous OS X est de créer un fichier nommé /etc/sysctl.conf contenant des affectations de variables comme :

kern.sysv.shmmax=4194304
kern.sysv.shmmin=1
kern.sysv.shmmni=32
kern.sysv.shmseg=8
kern.sysv.shmall=1024

Notez que, dans certaines versions d'OS X, les cinq paramètres de mémoire partagée doivent être configurés dans /etc/sysctl.conf, sinon les valeurs seront ignorées.

Attention au fait que les versions récentes d'OS X ignorent les tentatives de configuration de SHMMAX à une valeur qui n'est pas un multiple exact de 4096.

SHMALL est mesuré en page de 4 Ko sur cette plateforme.

Dans les anciennes versions d'OS X, vous aurez besoin de redémarrer pour que les modifications de la mémoire partagée soient prises en considération. À partir de la version 10.5, il est possible de tous les modifier en ligne sauf SHMMNI, grâce à sysctl. Mais il est toujours préférable de configurer vos valeurs préférées dans /etc/sysctl.conf, pour que les nouvelles valeurs soient conservées après un redémarrage.

Le fichier /etc/sysctl.conf est seulement honoré à partir de la version 1.0.3.9 de OS X. Si vous utilisez une version antérieure, vous devez modifier le fichier /etc/rc et changer les valeurs dans les commandes suivantes :

sysctl -w kern.sysv.shmmax
sysctl -w kern.sysv.shmmin
sysctl -w kern.sysv.shmmni
sysctl -w kern.sysv.shmseg
sysctl -w kern.sysv.shmall

Notez que /etc/rc est habituellement écrasé lors de mises à jour systèmes d'OS X, donc vous devez vous attendre à les modifier manuellement après chaque mise à jour.

En 10.2 et avant cette version, modifiez ces commandes dans le fichier /System/Library/StartupItems/SystemTuning/SystemTuning.

sco openserver

Dans la configuration par défaut, seuls 512 Ko de mémoire partagée par segment est autorisé. Pour augmenter ce paramétrage, allez tout d'abord dans le répertoire /etc/conf/cf.d. Pour afficher la valeur courante de shmmax, lancez :

./configure -y SHMMAX

Pour configurer une nouvelle valeur de shmmax, lancez :

./configure SHMMAX=valeur

value est la nouvelle valeur que vous voulez utiliser (en octets). Après avoir configuré shmmax, reconstruisez le noyau :

./link_unix

et redémarrez.

solaris 2.6 à 2.9 (Solaris 6 à Solaris 9)

La taille maximale par défaut d'un segment de mémoire partagée est trop bas pour PostgreSQL™. La configuration est modifiable dans /etc/system, par exemple :

set shmsys:shminfo_shmmax=0x2000000
set shmsys:shminfo_shmmin=1
set shmsys:shminfo_shmmni=256
set shmsys:shminfo_shmseg=256

set semsys:seminfo_semmap=256
set semsys:seminfo_semmni=512
set semsys:seminfo_semmns=512
set semsys:seminfo_semmsl=32

Vous avez besoin de redémarrer pour que les modifications prennent effet. Voir aussi http://sunsite.uakom.sk/sunworldonline/swol-09-1997/swol-09-insidesolaris.html pour des informations sur la configuration de la mémoire partagée sur des versions plus anciennes de Solaris.

Solaris 2.10 (Solaris 10), OpenSolaris

Dans Solaris 10 et OpenSolaris, la configuration de la mémoire partagée et des sémaphores par défaut sont suffisamment bonnes pour la majorité des configurations de PostgreSQL™. La valeur par défaut de Solaris pour SHMMAX correspond maintenant à un quart de la mémoire disponible sur le système. Si vous avez besoin d'augmenter cette configuration pour obtenir un paramétrage légèrement supérieur, vous devez utiliser une configuration de projet associé à l'utilisateur postgres. Par exemple, exécutez ce qui suit en tant qu'utilisateur root :

projadd -c "PostgreSQL DB User" -K "project.max-shm-memory=(privileged,8GB,deny)" -U postgres -G postgres user.postgres

Cette commande ajoute le projet user.postgres et augmente le maximum de mémoire partagée pour l'utilisateur postgres à 8 Go. Cela prend effet à chaque fois que l'utilisateur se connecte et quand vous redémarrez PostgreSQL™. La ligne ci-dessus suppose que PostgreSQL™ est exécuté par l'utilisateur postgres dans le groupe postgres. Aucun redémarrage du serveur n'est requis.

Sur un serveur de bases de données ayant beaucoup de connexions, les autres modifications recommandés pour le noyau sont :

project.max-shm-ids=(priv,32768,deny)
project.max-sem-ids=(priv,4096,deny)
project.max-msg-ids=(priv,4096,deny)

De plus, si vous exécutez PostgreSQL™ dans une zone, vous pourriez avoir besoin d'augmenter les limites d'utilisation des ressources pour la zone. Voir Chapter2: Projects and Tasks dans Solaris 10 System Administrator's Guide pour plus d'informations sur les projets et prctl.

unixware

Avec unixware™ 7, la taille maximum des segments de mémoire partagée est de 512 Ko dans la configuration par défaut. Pour afficher la valeur courante de shmmax, lancez :

/etc/conf/bin/idtune -g SHMMAX

qui affiche la valeur courante, par défaut, minimum et maximum. Pour configurer une nouvelle valeur de shmmax, lancez :

/etc/conf/bin/idtune SHMMAX valeur

valeur est la nouvelle valeur que vous voulez utiliser (en octets). Après avoir initialisé shmmax, reconstruisez le noyau :

/etc/conf/bin/idbuild -B

et relancez.

Tableau 17.2. Usage de la mémoire partagée PostgreSQL

Usage Nombre d'octets approximatifs pour la mémoire partagée (en 8.3)
Connexions (1800 + 270 * max_locks_per_transaction) * max_connections
Processus travailleurs de l'autovacuum (1800 + 270 * max_locks_per_transaction) * autovacuum_max_workers
Transactions préparées (770 + 270 * max_locks_per_transaction) * max_prepared_transactions
Tampons disque partagés (block_size + 208) * shared_buffers
Tampons WAL (wal_block_size + 8) * wal_buffers
Espace fixe requis 770 kB

17.4.2. Limites de ressources

Les systèmes d'exploitation style Unix renforcent différents types de limites de ressources qui pourraient interférer avec les opérations de votre serveur PostgreSQL™. Les limites sur le nombre de processus par utilisateur, le nombre de fichiers ouverts par un processus et la taille mémoire disponible pour chaque processus sont d'une grande importance. Chacun d'entre elles ont une limite « dure » et une limite « souple ». La limite souple est réellement ce qui compte mais cela pourrait être changé par l'utilisateur jusqu'à la limite dure. La limite dure pourrait seulement être modifiée par l'utilisateur root. L'appel système setrlimit est responsable de l'initialisation de ces paramètres. La commande interne du shell ulimit (shells Bourne) ou limit (csh) est utilisé pour contrôler les limites de ressource à partir de la ligne de commande. Sur les systèmes dérivés BSD, le fichier /etc/login.conf contrôle les différentes limites de ressource initialisées à la connexion. Voir la documentation du système d'exploitation pour les détails. Les paramètres en question sont maxproc, openfiles et datasize. par exemple :

default:\
...
        :datasize-cur=256M:\
        :maxproc-cur=256:\
        :openfiles-cur=256:\
...

(-cur est la limite douce. Ajoutez -max pour configurer la limite dure.)

Les noyaux peuvent aussi avoir des limites sur le système complet pour certaines ressources.

  • Sur linux™, /proc/sys/fs/file-max détermine le nombre maximum de fichiers ouverts que le noyau supportera. Ce nombre est modifiable en écrivant un autre nombre dans le fichier ou en ajoutant une affectation dans /etc/sysctl.conf. La limite des fichiers par processus est fixée lors de la compilation du noyau ; voir /usr/src/linux/documentation/proc.txt pour plus d'informations.

Le serveur PostgreSQL™ utilise un processus par connexion de façon à ce que vous puissiez fournir au moins autant de processus que de connexions autorisées, en plus de ce dont vous avez besoin pour le reste de votre système. Ceci n'est habituellement pas un problème mais si vous exécutez plusieurs serveurs sur une seule machine, cela pourrait devenir étroit.

La limite par défaut des fichiers ouverts est souvent initialisée pour être « amicalement sociale », pour permettre à de nombreux utilisateurs de coexister sur une machine sans utiliser une fraction inappropriée des ressources du système. Si vous lancez un grand nombre de serveurs sur une machine, cela pourrait être quelque chose que vous souhaitez mais sur les serveurs dédiés, vous pourriez vouloir augmenter cette limite.

D'un autre côté, certains systèmes autorisent l'ouverture d'un grand nombre de fichiers à des processus individuels ; si un plus grand nombre le font, alors les limites du système peuvent facilement être dépassées. Si vous rencontrez ce cas et que vous ne voulez pas modifier la limite du système, vous pouvez initialiser le paramètre de configuration max_files_per_process de PostgreSQL™ pour limiter la consommation de fichiers ouverts.

17.4.3. Linux memory overcommit

Dans Linux 2.4 et suivants, le comportement par défaut de la mémoire virtuelle n'est pas optimal pour PostgreSQL™. Du fait de l'implémentation du « memory overcommit » par le noyau, celui-ci peut arrêter le serveur PostgreSQL™ (le processus serveur maître, « postmaster ») si les demandes de mémoire de PostgreSQL™ ou d'un autre processus provoque un manque de mémoire virtuelle au niveau du système.

Si cela se produit, un message du noyau qui ressemble à ceci (consulter la documentation et la configuration du système pour savoir où chercher un tel message) :

Out of Memory: Killed process 12345 (postgres)

peut survenir. Ceci indique que le processus postgres a été terminé à cause d'un problème de mémoire. Bien que les connexions en cours continuent de fonctionner normalement, aucune nouvelle connexion n'est acceptée. Pour revenir à un état normal, PostgreSQL™ doit être relancé.

Une façon d'éviter ce problème revient à lancer PostgreSQL™ sur une machine où vous pouvez vous assurer que les autres processus ne mettront pas la machine en manque de mémoire. S'il y a peu de mémoire, augmenter la swap peut aider à éviter le problème car un système peut tuer des processus lorsque la mémoire physique et la mémoire swap sont utilisées entièrement.

Si PostgreSQL™ est lui-même la cause du manque mémoire du système, vous pouvez éviter le problème en modifiant votre configuration. Dans certains cas, il est intéressant de baisser les paramètres relatifs à la mémoire, en particulier shared_buffers et work_mem. Dans d'autres cas, le problème peut être causé en autorisant de trop nombreuses connexions au serveur. Dans un grand nombre de cas, il est préférable de réduire max_connections et d'utiliser à la place un pooler de connexions.

Sur Linux 2.6 et ultérieur, il est possible de modifier le comportement du noyau avec le « overcommit memory ». Bien que ce paramétrage n'empêchera pas ce comportement, il réduira sa fréquence de façon significative et contribuera du coup à un système plus robuste. Ceci se fait en sélectionnant le mode strict de l'overcommit via sysctl :

sysctl -w vm.overcommit_memory=2

ou en plaçant une entrée équivalente dans /etc/sysctl.conf. Vous pourriez souhaiter modifier le paramétrage relatif vm.overcommit_ratio. Pour les détails, voir la documentation du noyau (documentation/vm/overcommit-accounting).

Une autre approche, qui peut aussi utiliser la modification de vm.overcommit_memory, est de configurer la valeur de la variable oom_adj, valeur par processus, pour le processus postmaster à -17, garantissant ainsi qu'il ne sera pas la cible de OOM. La façon la plus simple de le faire est d'exécuter

echo -17 > /proc/self/oom_adj

dans le script de démarrage de postmaster juste avant d'appeler postmaster. Notez que cette action doit être faite en tant qu'utilisateur root. Dans le cas contraire, elle n'aura aucun effet. Du coup, un script de démarrage, exécuté par root, est le meilleur endroit où placer ce code. Si vous le faites, vous pourriez aussi souhaiter construire PostgreSQL™ avec l'option -DLINUX_OOM_ADJ=0 ajoutée à CPPFLAGS. Cela fera en sorte que les processus enfants de postmaster seront exécutés avec la valeur oom_adj normale de zéro, pour que OOM puisse les cibler si nécessaire.

[Note]

Note

Quelques noyaux 2.4 de vendeurs ont des pré-versions de l'overcommit du 2.6. Néanmoins, configurer vm.overcommit_memory à 2 sur un noyau 2.4 qui n'a pas le code correspondant rendra les choses pires qu'elles n'étaient. Il est recommandé d'inspecter le code source du noyau (voir la fonction vm_enough_memory dans le fichier mm/mmap.c) pour vérifier ce qui est supporté dans votre noyau avant d'essayer ceci avec une installation 2.4. La présence du fichier de documentation overcommit-accounting ne devrait pas être pris comme une preuve de la présence de cette fonctionnalité. En cas de doute, consultez un expert du noyau ou le vendeur de votre noyau.